Abdelilah Benkirane restera dans les annales politiques du Maroc comme le 1er ministre de façade qui aura incarné jusqu’à la caricature le rôle d’impuissant représentant de la légitimité du vote populaire devant la machine despotique du Makhzen.
Ni ses blagues de mauvais goût, ni ses saillies qui tranchent avec le sérieux de la fonction et avec la gravité de la conjoncture économique, ni son populisme débonnaire n’auront suffit à cacher la réalité d’un homme impuissant devant le roc des injustices et de la tyrannie makhzaniennes, conscient de ses limites et, peut-être même, blessé pour avoir trahi ses engagements et ses valeurs.
Comment est-ce possible qu’un dépositaire du vote populaire s’abaisse à ce point, pour s’excuse auprès de ceux que le peuple marocain n’a pas élu ? Que vaut la volonté du peuple devant celle d’une élite illégitime qui n’a aucune existence constitutionnelle ? Et surtout, à quoi ça sert de voter, si le Makhzen méprise à ce point la volonté des Marocains ? Qu’on ne revienne plus nous expliquer encore et encore que l’on doit nous engager dans la vie politique pour réformer de l’intérieur un régime despotique, pourri jusqu’à l’os, puisqu’on aura toujours d’autres chefs de gouvernements impuissants qui, après avoir été élus, reviendront nous expliquer qu’ils ne peuvent rien ou qu’ils ne sont que de simples fonctionnaire dans la hiérarchie du Makhzen.
Alors qu’il aurait pu démissionner LA TÊTE HAUTE au motif qu’il a été empêché de mener à bien le mandat pour lequel il a été élu (en tant que chef d’un parti majoritaire), c’est-à-dire la lutte contre la corruption et les Corrompus, Abdelilah Benkirane surprend et consterne tout le monde en présentant ses plates excuses à ces derniers, les qualifiant même de respectables !!! (le comble de l’hypocrisie des faibles devant les puissants)
Quelques jours auparavant, il venait d’invoquer un verset du Coran (‘Afa Allah ‘amma salaf) pour justifier son amnistie en faveur de ceux qui ont détourné les institutions étatiques pour servir leurs intérêts personnels ou qui ont volé ou détourné les deniers publics. Mais aucun pardon, ni aucune amnistie pour les plusieurs dizaines d’honnêtes citoyens qui croupissent dans les prisons de la honte juste parce qu’ils ont milité pacifiquement pour leurs droits légitimes. Mais quelle est cette morale qui permet à ce régime de semer autant d’injustices et d’arbitraires ? Et jusqu’à quand les Marocains vont-ils tolérer cela ?
[Cet article a été publié sur Mamfakinch]