La Tunisie a organisé le 6 mai 2018 ses premières élections municipales après la révolution de 2011. Ces élections municipales étaient censées représenter un nouveau souffle de la transition démocratique et le premier pas tangible vers la décentralisation, inscrite dans la constitution de 2014, et l’une des revendications de la révolution. Cette revue de presse rassemble des articles de presse et des ressources sur le Web publiés entre mi-avril et fin mai 2018.

La tenue même des élections est restée incertaine en raison du retard à adopter le code des collectivités locales, qui n’a été voté in extremis que fin avril, ce dont les observateurs locaux, les militants favorables à la décentralisation mais aussi plusieurs organisations internationales se sont émus. Le déroulement de la campagne et du scrutin a été jugé crédible par les observateurs internationaux mais localement, la presse a néanmoins recensé divers problèmes. Le principal résultat du scrutin, selon de nombreux observateurs, est la faiblesse de la participation, qui témoignerait d’un désenchantement de la population tunisienne face à la transition démocratique. Sur le plan des rapports de force politique, les élections montrent le discrédit de Nidaa Tounes, la stabilité de Al Nahda et la montée des indépendants. L’absence à peu près généralisée de majorité oblige partout les différentes listes à des négociations pour constituer des exécutifs municipaux.

Contexte d’adoption du code des collectivités locales

Démission choc en Tunisie à sept mois des municipales . Cet article pour Le Monde Afrique décrit la surprise, et la crise de confiance provoquées par la démission de président de l’Instance électorale tunisienne Chafik Sarsar suivi par douze de ces collaborateurs.

حيادية الهيأة المستقلة الانتخابات: أزمة ثقة في مسار شائك Dans cet article pour Nawaat Mohamed Samih Beji Okkez analyse les facteurs de la crise de confiance à l’égard de l’instance Indépendante des élections. Il évoque les conflits entre l’Instance supérieure indépendantes pour les élections (ISIE) avec les partis ainsi que les médias. Des conflits accompagnés par la forte défiance à l’égard de l’ISIE et de son indépendance.

Tunisie : Pourquoi le code des collectivités locales traîne à l’assemblée  Frida Dahmani présente dans Jeune Afrique la décentralisation comme une nouvelle forme de gouvernance dont la mise en œuvre se heurte à des problèmes aussi bien matériels qu’institutionnels.

Le Carter Center appelle les autorités tunisiennes à accélérer l’adoption du code des collectivités locales Le HuffPost explique l’inquiétude de cette ONG impliquée dans la promotion de la démocratie face à la lenteur de la procédure d’adoption du code des collectivités locales.

La Tunisie fait un bond vers la décentralisation Célian Macé dans Libération voit dans l’adoption d’un nouveau code des collectivités locales en Tunisie par l’assemblée tunisienne le 26 avril 2018 le premier pas vers la décentralisation du pouvoir qui était une des revendications de la révolution.

Quels seront les pouvoirs des municipalités tunisiennes ? Mahdi Elleuch de l’ONG Bawsala spécialisée dans le suivi et la gestion des affaires de l’Etat explique dans cet entretien avec Nawaat les compétences des municipalités telles qu’elles sont définies par le code des collectivités locales.

Campagne électorale

Municipales : des élections cruciales pour l’avenir de la Tunisie Dans cet article pour l’Orient XXI  Zyed Krichen explique que les élections municipales en Tunisie, bien que cruciales, risquent d’être confrontées à plusieurs enjeux. Il cite notamment le désintérêt marqué des citoyens qui peut être annonciateur d’une forte abstention, ainsi que le code des collectivités locales qui risque d’accentuer l’emprise du centre au lieu de l’atténuer, ce qui renforcerait l’hégémonie des deux partis au pouvoir Nidaa Tounes et Al Nahda.

Municipales. Campagne électorale : infractions et lenteur au démarrage Cet article de Le Temps décrit le déroulement de la campagne électorale pour les élections municipales en Tunisie. Il analyse d’une part divers problèmes qui ont été enregistrés : conflit entre les partis politiques et l’ISIE, infractions (affichage sans visa), lenteur et discrétion etc. D’autres part, il souligne l’engagement des listes indépendantes très actives.   

Déroulement

Municipales en Tunisie : l’UE juge l’élection crédible mais déplore la faible participation

L’abstention de la désillusion (Scrutin du dimanche : Failles dans l’organisation et infractions à la pelle)

Alors que Fabio Massimo Castaldo vice-président du parlement européen et chef de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne juge l’élection crédible, le journaliste Faouzi Snoussi pour Le Temps insiste sur les problèmes qui ont émaillé le scrutin.

Participation

Municipales en Tunisie : Policiers et militaires votent pour la première fois Cet article pour l’AFP explique que pour la première fois les forces de l’ordre peuvent voter aux élections municipales, mais le nombre des restrictions imposées tronque ce droit en pratique.

Est-il vrai que le taux de participation des forces de l’ordre aux élections municipales en Tunisie ne dépasse pas les 17% ? Robin Andraca de l’équipe CheckNews Tunisie associant le journal Libération et le site de presse Nawaat explique que la participation des forces de l’ordre dans les élections municipales, au contraire des chiffres médiatisés, n’a pas en fait dépassé les 12% selon L’ISIE.

Tunisia : Abstention Party, big winner on the municipal elections Dans cet article pour Nawaat, (traduit par Vanessa Szakal), Malek Lakhal montre que la pratique de l'abstention a dominé les élections municipales du 6 mai, au milieu du désenchantement et de la méfiance du gouvernement, avec seulement trente-cinq pour cent des électeurs inscrits se rendant aux urnes.

Municipales en Tunisie : Le triomphe de l’abstention et de l’indifférence Cet article de Laurent Ribadeau Dumas dans Géopolis  montre la forte abstention enregistrée aux élections municipales en Tunisie dont le taux de participation n’a pas dépassé 33,7%. Il explique cette abstention par le dégoût et le dépit à l’égard de l’élite politique existante.  

Résultats

Independent candidates get most votes in tunisia’s municipal election Dans cet article pour Reuters Tarek Amara  rapporte que sur la base des résultats officiels préliminaires, les candidats indépendants ont reçu plus de voix que les candidats des deux principaux partis, Al Nahda et Nidaa Tounes.

En Tunisie des forces « indépendantes » émergent des élections municipales Frédéric  Bobin pour Le Monde Afrique analyse la percée réalisée par les listes indépendantes lors du scrutin de 6 mai 2018, qui montre la désaffection pour les partis traditionnels.

En Tunisie, une démocratie sans citoyens? Dans cet article pour l’Orient XXI Thierry Brésillon explique les résultats de scrutin de 6 mai 2018 par le discrédit de la classe politique tunisienne ce qui a entrainé l’émergence des indépendants annonçant ainsi des possibilités de régénération de la vie politique. Cependant, tout dépend de la mise en œuvre de la décentralisation, qui est confrontée à plusieurs défis.

Elections municipales 2018 : une démarche citoyenne inédite pour des résultats avant l’heure Les Cahiers de la Liberté expliquent que la forte mobilisation citoyenne sur les réseaux sociaux a permis de collecter les résultats avant la publication des données officielles à travers un tableau crowdsourcé et une carte interactive qui s’est coloriée au fur et à mesure de l’arrivée des informations.

Souad Abderrahim, le fer de lance du parti Ennahdha qui veut conquérir Tunis Carol Kouassi, journaliste à africanews rapporte que Souad Abderrahim d’Ennahdha espère devenir la première femme maire de Tunis. Cependant, ses propos dépréciatifs sur les mères célibataires pourraient contrarier cette aspiration. Ses opposants voient dans ses déclarations qui datent de 2012 un prétexte pour critiquer sa légitimité à occuper la fonction de maire.

 التحالفات في المجالس البلدية: نحو جبهة معارضة جديدة ضد النهضة و النداءDans cet article pour Nawaat Yassine Nabli explique que les alliances au sein des conseils municipaux, comprenant principalement le Mouvement démocratique, le Mouvement populaire et le Front populaire, ont formé une nouvelle opposition aux principaux partis gouvernementaux Al Nahda et Nidaa Tounes, tant au niveau local que régional.